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Tableaux des maladies professionnelles

Régime agricole tableau 4

Charbon professionnel

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Tableau et commentaires

Eléments de prévention technique (août 2007)

Les mesures sanitaires chez l’animal

La maladie est inscrite dans la nomenclature des maladies réputées contagieuses et donc à déclaration obligatoire.

La première mesure de prévention est la lutte contre la maladie animale par la mise en place de mesures sanitaires. La prophylaxie repose sur la vaccination des animaux, soit vaccination systématique en cas de forte enzootie ou d’épidémie, soit vaccination du troupeau où une bête est atteinte (les bêtes malades étant isolées et traitées). L’autopsie des animaux morts du charbon est déconseillée car source de dispersion de spores. Les animaux morts du charbon doivent être éliminés si possible vers l'équarrissage (en cas d'impossibilité, les cadavres doivent être incinérés sur place ou enterrés profondément et recouverts de chaux vive). Les litières contaminées, fumiers, nourritures inutilisées doivent être brûlés, les locaux et effluents désinfectés.

Prévention en milieu de travail

La prévention du risque professionnel, en dehors de l’élevage passe par diverses mesures :

- les règles d’hygiène personnelle restent la base : lavage des mains au savon, douche… et l’information des salariés doit permettre d’insister sur le respect de ces mesures ;

- les mesures de prévention collective peuvent être différentes selon le type d’activité de l’entreprise (équarrissage, tanneries, laboratoires...) mais reposent sur une organisation précise du travail, le nettoyage et la désinfection des locaux, des matériels utilisés (camions d'équarrissage…) et des matières premières (laines, poils, peaux…). Outre les mesures de contrôle vétérinaire, il faut souligner l’intérêt du traitement chimique désinfectant des produits importés en provenance d’une zone endémique.

Les méthodes de désinfection sont difficiles à appliquer du fait de la résistance des spores notamment dans les matières organiques : l’incinération doit être choisie dans la mesure du possible. Quelques produits chimiques tels que le glutaraldéhyde, le formaldéhyde, l’hypochlorite de sodium, le peroxyde d’hydrogène et l’acide peracétique permettent la destruction des spores selon des protocoles précis. Les dispositifs médicaux seront surtout à usage unique ou stérilisés en autoclave à 134 °C pendant 18 minutes.

La protection des personnels exposés consistera à porter des vêtements couvrants, des bottes et des gants. Pour les opérations susceptibles de dégager des aérosols, un appareil de protection respiratoire filtrant de type FFP 3 devra être porté. L'ensemble de ces équipements devront être soit incinérés, soit autoclavés après désinfection et nettoyage soit exposés à une fumigation par formaldhéhyde.

Actuellement, dans le cadre de menaces bioterroristes, on considère, dans le doute, que les souches utilisées pourraient être résistantes. L’utilisation d’une fluoroquinolone (ciprofloxacine) dans l’attente de l’antibiogramme ou de la doxycycline est alors licite dans ce contexte, compte tenu de la gravité de la maladie. Ce traitement, bien que non dénué de risque d’effets secondaires, peut être décidé sur la simple présomption d’une exposition en l’attente des résultats d’analyse de poudre ou d’un écouvillonnage nasal. Cette chimioprophylaxie est alors accompagnée d’une surveillance médicale.

Cas particuliers

Recommandations pour les services « courrier » des entreprises

Depuis septembre 2001, le charbon est revenu au premier plan de l’actualité dans un contexte international de menace bioterroriste. Au niveau national, le plan BIOTOX a été mis en place. Des consignes de conduite à tenir et de prise en charge, a posteriori, des « victimes » exposées à une lettre ou à de la poudre suspecte sont prévues. La participation à la mise en place de mesures de prévention des conséquences d’actions de bioterrorisme au sein des entreprises est un exercice nouveau pour le médecin du travail. En ce qui concerne l’usage possible de spores du charbon, sa reconnaissance de l’agent biologique, de la maladie et des protections disponibles (contraintes, efficacité, contre-indications…) doit lui permettre de conseiller au mieux les responsables d’entreprises souhaitant prendre ce type de risque en considération. La gestion du risque d’exposition à des spores du charbon doit s’inspirer des règles de prévention de tout risque d’exposition à des agents biologiques : réduire le risque, réduire le nombre de personnes qui pourraient être exposées, informer et former ces personnes, mettre en place une protection collective, notamment par des mesures organisationnelles. Ces mesures doivent être adaptées en fonction du contexte d’activité de l’entreprise. Si l’entreprise estime qu’elle risque d’être la cible de bioterrorisme, ces mesures peuvent être complétées par le port d’équipements de protection individuelle, notamment d’appareils de protection respiratoire (et non de masques chirurgicaux antiprojections).

En cas de découverte d’une enveloppe contenant de la poudre suspecte de contenir le charbon, il est recommandé :

- d’identifier et recueillir les coordonnées de toute personne impliquée présente dans le local où l’enveloppe a été trouvée,

- d’adresser à l’hôpital pour examen et prélèvement rhino-pharyngé toute personne exposée,

- de réserver en priorité le traitement prophylactique, jusqu’aux résultats de l’analyse de la poudre :

     - aux personnes ayant ouvert l’enveloppe,

     - ou aux situations d’inhalation ou de contacts clairs avec de la poudre suspecte,

     - ou s’il apparaît des signes infectieux avant les résultats d’analyse chez une personne ayant été en présence de la poudre sans contact direct avec elle,

     - ou lorsque la confirmation du contenu de l’enveloppe est impossible, sous réserve d’avoir préalablement fait un prélèvement rhino-pharyngé.

Le traitement pour les 72 premières heures doit être remis par le service des urgences. Les personnes seront contactées par l’hôpital en cas de résultat positif ou seront invitées à revenir en consultation au bout de 72 heures ou immédiatement en cas d’apparition de signes infectieux. Si les résultats ne sont pas disponibles passé ce délai, le traitement sera renouvelé pour 72 heures. Les personnes recevant ce traitement doivent être informées des effets secondaires possibles. Le traitement sera arrêté dès lors que les résultats d’analyse seront revenus négatifs.

IL N’EST PAS RECOMMANDE de traiter systématiquement les personnes ne répondant pas aux critères ci-dessus, tant que les résultats d’analyse de la poudre ou du prélèvement rhino-pharyngé ne sont pas connus.

Conduite à tenir en cas de réception d’une enveloppe ou d’un colis « suspect » :

1. Si la présence de poudre est suspecte «au toucher» à travers une enveloppe :

- ne pas ouvrir l’enveloppe,

- prévenir les pompiers ou les services de police ou de gendarmerie.

2. Si la poudre est découverte lors de l’ouverture de l’enveloppe ou parce qu’elle s’échappe d’une enveloppe encore fermée, il faut :

- reposer immédiatement la lettre,

- ne plus la manipuler,

- la recouvrir avec précaution,

- fermer les ouvertures de la pièce afin d’éviter les courants d’air,

- arrêter les systèmes de climatisation et de ventilation,

- faire quitter la pièce à toutes les personnes présentes,

- fermer la pièce à clé afin que personne n’y pénètre,

- prévenir les pompiers ou les services de police ou de gendarmerie.

3. Les personnes qui ont eu un contact cutané avec la poudre doivent impérativement se laver les mains (ou toute autre partie du corps concerné, visage et cheveux notamment) très soigneusement avec du savon.

4. Les personnes qui ont été en contact avec de la poudre suspecte, ou qui étaient présentes dans la pièce au moment de la découverte de la poudre, doivent se signaler auprès des services intervenants, qui les orienteront, le cas échéant, vers une prise en charge médicale.